vendredi 11 décembre 2009

Trace


La solitude se cristallise dans tous les plis de l'existence, aucun relais ne saurait l'atténuer. De ce poids naît la nécessité non pas de comprendre le monde mais d'être fidèlement dans le monde.

- Comment t’appelles-tu ?
- Je m’appelle moi.
- Ce n’est pas une réponse.
- Je suis absent de ma mémoire, mon âge vacille et j’ai perdu le jour de ma naissance depuis que juin s’accorde avec décembre. Je vis à gauche de l’arbre, près de la pierre grise. J’ignore le soleil et le satin du ciel et ne sens que le sol qui tantôt me pousse tantôt me retient.
- Et que fais-tu ?
- ?
- Que vis-tu !?
- Je ne vis pas, je meurs. Comme tous, je reçois les jours qui meurent depuis l’âge où ils ont cessé d’être des mondes. Je meurs et chaque toile est la trace de mon deuil et l’oubli de ma trace.
Perdu dans cet axiome, j’ai jeté les dés de l’angoisse par-dessus mon épaule et, je meurs, seconde après seconde.
- Tu n’attends donc plus rien. La folie te guette.
- Je n’attends plus rien en effet puisque j’ai jeté les dés derrière moi. Je n’attends rien puisque j’ai tout. Quant à la folie, laissons la où elle est : dans le labyrinthe sans porte où tu te trouves. Moi, j’ai des milliers de portes à ouvrir, chaque jour, depuis qu'ils ne sont plus des mondes et que je sais qu’il n’y a qu’un jour, plus de saisons et qu’un monde.



nature morte - 81x100 - 2009

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