nature morte - huile sur toile - 89x116 - 2008
Je peins depuis plus de vingt ans dans l'obsession de voir et rendre la Réalité. Cet engagement n'est en aucun cas une prise de position, ne sachant moi-même quelle est ma position, c'est le constat de la puissance poétique qui garantit la place de l'homme.
Depuis vingt ans, donc, je peins, dessine et grave dans le métal la présence du monde dans l'absence du temps pour n'en conserver que sa terminaison nerveuse. Pour montrer comme on écoute plutôt que voir comme on entend. Seule l'absorption du réel compte et si esthétique il y a, elle ne doit être qu'une conclusion, que le remugle de la condensation. Peu importe qu'une oeuvre soit abstraite ou figurative, peinte sur tel ou tel support, mise en scène de telle ou telle manière, justifiée par tel ou tel propos, sa modernité ne dépend pas de référents extérieurs à elle-même; elle est contemporaine parce que peinte aujourd'hui, ceci n'est pas un statut car elle ne pourra être visiblement de son temps qu'une fois celui-ci passé et révolutionnaire par l'anticompromission de sa réalité.
Je ne fais pas là mon panégyrique, et sais combien il me faudra encore de temps pour espérer tenir la Réalité entre mes mains (si cela m'arrive un jour), mais ce blog a pour ambition de définir cette idée de la peinture en montrant, en effet, la mienne. Mais aussi en faisant la promotion de toutes expositions ou publications de qualité ayant les mêmes exigences, et en offrant des analyses et des critiques sur la création.
Patrick Garnier
(autre blog avec plus de photos: garnierpeinturegravure.unblog.fr)
Port-Bail - huile sur toile - 73x100 - 2009
"Ca ressemble à du Van Rogger. ca fait penser à du Van Gogh"... Eh bien non, je ne suis pas d'accord, ça n'a ni la saveur ni la couleur de...
RépondreSupprimerC'est du Patrick Garnier !
Pourquoi toujours cette manie de vouloir comparer untel à untel. Même si l'approche de la peinture a quelques similitudes , au 1er abord, il me semble injuste de retirer toute consistance à sa personnalité pour lui en donner une autre.
On peut, peut-être, rapprocher les 2 artistes par leur même quête de vérité, ça s'arrête là. Pour Van Rogger,il fallait étudier l'oeuvre un long moment pour en découvrir, au détour du bon reflet, sa vraie nature, et éventuellement les couches successives de peinture ! Patrick, du fait qu'il reste dans le figuratif, permet aux pauvres ignares que nous sommes, d'avoir l'impression de comprendre quelque chose... Mais ce qui compte n'est-il pas plutôt ce que l'on ressent ? La peinture et son étude n'ont rien d'objectif à mon sens.
Tu vois, Patrick, j'ai enfin compris comment on enregistre un commentaire sur ce blog...
Merci bien, Gisèle, de cette mise au point personnelle, à l'heure où je doute encore et toujours de la pertinence, aujourd'hui, de ma peinture. Je ne doute pas de sa direction interne, de ce que doit-être la peinture; mais la crainte (ceci étant, du reste, bien attisé par des présences occultes)d'être dans un combat d'arrière garde. Il m'est pourtant impossible de déroger à ce qui me paraît être l'essence de la peinture c'est à dire montrer la Réalité nue. Ceci n'est évidemment pas un affrontement entre abstraction et figuration ni entre la modernité et le passé (des concepts en art extrèmement flous puisqu'ils reposent sur des évolutions plastiques (et non des révolutions) qui tournent régulièrement en rond). La vrai quête, interne, impose une singularité esthétique, mais qui n'a de sens que si l'artiste conserve la nécessité de voir avant celle de faire. De se débarrasser, comme disait Van Rogger, de la peur de ne pas être moderne.
RépondreSupprimerSi le peintre conserve sa lucidité, s'il ne s'abandonne pas à des facilités d'imitations (du passé ou de l'air du temps) ou à l'inverse d'audaces non digérées, s'il n'abandonne pas sa toile tant qu'elle ne lui est pas étrangère, il sera de son temps et sa modernité ne sera pas à démontrer.
Il est probable que je ne sois pas de ceux-là, mais il me semble en effet injuste de ne voir dans mes toiles que les stigmates de ses référents. Je ne me batterai pas pour convaincre quiconque, sachant moi-même qu'ils peuvent exister dans bon nombre de toiles, car le problème n'est pas vraiment là; soit une toile est bonne, soit elle ne l'est pas. Si nous devions arbitrairement exclure toutes peintures ayant des références trop appuyées, il faudrait éliminer un bon nombre de chefs d'oeuvres. Celui qui regarde est parfois plus pollué par ses propres références que la peinture qu'il dénonce.
Donc, il n'y a pas de vigilances particulières à adopter, sinon celle de l'intransigence qu'impose la Réalité et qui élimine radicalement ce qui ne lui appartient pas.