Je publie mon texte de présentation et quelques photos du lieu et de l'exposition.
Texte de présentation
Je
remercie Thierry de m’avoir choisi pour la première exposition organisée par
l’association. Je le remercie d’autant plus que l’ambition de l’association est
de montrer les œuvres de Roger Van Rogger, ce qui tisse un lien implicite entre
son œuvre et la mienne. Ce lien m’honore bien que je sache qu’il y a un monde
entre l’importance de son œuvre et la mienne. Si je ne peux revendiquer une
filiation avec Van Rogger, il est évident que son œuvre m’a construit ;
j’ai su, à son contact que, non seulement la peinture n’était pas morte, mais
qu’elle était, dans sa tradition, la seule à offrir un visage moderne à la
création. Que toute création véritable devait conserver le lien avec les
grandes œuvres passées, qu’il n’y a pas de rupture comme l’affirme « l’Art
contemporain » mais un chemin tortueux à poursuivre. Que la seule ambition
de l’Art n’est pas d’être un miroir social ni l’illustration d’idées, mais de
saisir la Réalité. Ceci implique, que l’on fasse ou non une peinture
figurative, un lien intime, constant, charnel avec le monde présent dans tous ses
âges. Ce lien avec la Réalité est la source, la seule chose qui lie les œuvres
de tous les temps entre elles.
Ma
peinture est née de cette révélation, de cette obsession. Elle n’est pas l’écho
du monde mais sa voix. Elle vient du point unique où le temps rencontre la
Réalité. Elle naît là, dans cette source vibrante où tout est inchangé et fini
dans cet infini atteint ; le temps est dans le puits et cesse de s’enfuir,
seules demeurent la matière et la lumière du premier âge dans un air condensé.
La couleur, énigme de l’œil, navigue entre fond et surface, pénètre les lacunes
du cœur et s’efface. Elle n’est qu’un drap jeté sur le monde qui habille la Réalité.
C’est un jeu de valeurs sans ordres, un alphabet d’aucune langue, un miroir
sans teint.
Si je
peints, c’est donc pour voir à travers la surface, pour sortir du dédale des
sensations, pour tenir l’esprit du monde et voir la Réalité comme on concentre
le suc d’une fleur pour en faire un parfum plus présent que la fleur elle-même.
A l’étonnement du regard face au désordre de la nature, doit correspondre le
mystère de la création ; attendre de soi ce qu’on ignore, accepter
l’inconnu, la perte, le non sens, l’absence, pour que naisse dans la toile l’évidence.
Patrick
GARNIER
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire