vendredi 5 février 2010

nécessités


huile sur toile - neige - 73x100 - 2010




Il faut tout de même que j’agrémente ce blog et notamment donner suite au désoeuvrement présent dans mon intervention précédente (texte précédent qui se retrouvera après celui-ci!?).
Je ne mesurais pas l’incongruité de la rédaction d’un blog lorsque celui-ci est (évidemment) ignoré de tous. Cela confine au journal intime, une introspection sans échange, c’est-à-dire l’inverse de ce qui était attendu et qui renforce malencontreusement ce à quoi l’on voulait échapper.
Il s’agit donc de motiver soi-même son travail pour soi-même en s’enfonçant délicatement le couteau de la schizophrénie. C’est l’exact impact inversé de celui du pinceau sur la toile, le traçage impossible d’une ligne frontière entre la mer et le rivage. Seul le dialogue véritable peut permettre à l’artiste de dépecer son œuvre en inversant son regard. Tout, sans cela, devient justification gratuite et l’œuvre est abandonnée comme renard écrasé sur le bord de la route.


pastel sec - neige - 50x65 - 2010


Cela dit, il faut croire à l’attente possible d’un autre. Générer le regard absent en acceptant son augure incertain, même si la nécessité de cerner son travail autrement qu’en le faisant peut paraître une gageure vaine.

pastel sec - neige - 50x65 - 2010

Ainsi, que dirais-je de ces paysages enneigés présentés ici ? Sont-ils simplement les témoins de jours où le monde se fit neuf en révélant la cadence du temps dans la structure des arbres ? Révèlent-ils la sotte nécessité d’un motif ? Portent-ils en eux la pertinence d’une peinture qui assume son héritage aussi ancien soit-il ? Sont-ils, au contraire, l’émergence d’une denrée nouvelle dans l’acceptation de tous les poncifs, abandonnés pourtant depuis longtemps par tous ceux qui sont les représentants de la peinture contemporaine ? Sont-ils le résultat de la simple volonté de traduire l’étonnante transformation d’un paysage désormais faussement noir et blanc ? Que dire d’une peinture figurative (native du motif) aujourd’hui sans être obligé de justifier sa moderne naissance. Est-il besoin de noter ses paramètres singuliers pour qu’elle puisse obtenir le label ? Sa singularité devrait être tout entière en elle ; car la matière, le dessin, la couleur, le format, la représentation etc… ne sont pas dissociables entre eux. Ce sont les stigmates de surface, les gardiens mal assurés mais vigilants d’une réalité révélée. Ces paysages ne sont pas des paysages tout en étant que cela ; cette neige n’est pas l’image de la neige, c’est le caillou qui se révèle à nous lorsque sa pointe blesse le pied.


pastel sec - neige - 50x65 - 2010

L’adhérence au monde est ma seule préoccupation. Il me semble du reste que ce devrait être la seule préoccupation pour tout artiste ; tout se borne à l’adhérence, à la compréhension nette et sans objet, à l’absence d’idée et de sens dans l’accomplissement qui révèle sans rien dire.
Il va de soi que cela n’impose aucune règle esthétique ni aucune démarche, que le seul critère est la clairvoyance.
Je n'ai comme source que le lien direct et permanent avec la réalité et ne cesse de buter sur ses souches en prenant garde de ne pas lever le pied pour les éviter. Le paysage enneigé impose sa mystérieuse réalité comme la simple pomme posée sur la table, l’espace (et l’espace-temps) qui me sépare d’eux par la vision doit être transformé en œuvre pour résister à l’assimilation.


huile sur toile - neige - 73x100 - 2010

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